Congrès de Quimper : Quelques points-clés pour faire face aux événements climatiques
Notes prises au congrès européen de l’apiculture à Quimper, le 23 octobre 2022, lors de la conférence de Etienne Bruneau, ingénieur agronome, diplômé de l’UC Louvain, administrateur délégué de CARI, président de la commission scientifique “technologie et qualité“ d’Apimondia.
En préambule Etienne Bruneau rappelle la réalité du réchauffement climatique, on parle maintenant de “bouleversement“ climatique : une augmentation significative des températures moyennes et surtout des extrêmes chaudes. En contrepartie une augmentation de l’intensité des pluies et une aggravation des effets des orages dévastateurs.
Par les courbes de production de miel sur 10 ans et l’évolution du nombre de ruche, il met en évidence les effets du réchauffement sur l’apiculture. Le réchauffement climatique est plus favorable pour la partie Nord de l’Europe et nettement défavorable pour le Sud. Si la production augmente dans le Sud, cela est essentiellement dû à une augmentation du nombre de ruche qui compense les pertes de rendement moyen de miel par ruche, qui lui, est en nette diminution.
La principale incidence concerne la flore : avec une diminution du nombre de fleurs, un nectar moins abondant et plus visqueux, une chute de 50 % du pollen et un changement dans sa composition avec moins de protéines. Les miellées changent en date et en localisation. Ainsi le nord de l’Italie n’a plus de miellées d’acacia depuis cinq ans. La raréfaction du nectar et du pollen peut parfois être compensée par le miellat, encore que celui-ci risque d’être limité par le comportement des pucerons et assimilés.
Du point de vue sanitaire, le varroa et les prédateurs ne peuvent qu’augmenter leur pression. La ponte de la reine se déroule sur une plus longue période. La sécheresse d’été conduira à deux périodes de récolte : fin de printemps et automne. Cette année, on a pu constater qu’en octobre, inhabituellement, des fleurs réapparaissaient et les abeilles butinaient intensément. Il faudra probablement envisager deux traitements contre le varroa : l’un en période chaude, l’autre en hiver.
Le comportement des abeilles est optimum à 25°. Elles résistent bien jusqu’à 35°.Au-delà elles souffrent et ne butinent plus. Elles font la “barbe“ pour décomprimer la grappe et doivent ventiler pour réduire la température de la ruche. Il a été constaté que pour abaisser la température de 1°, l’effort de ventilation est 1,7 fois plus important que pour réchauffer la ruche de 1°. Il faudra souvent prévoir en été un complément de nourriture, en l’absence de hausse. Ce complément ne peut pas être un sirop de sucre, ce qui aurait pour effet de relancer la ponte, sauf en septembre pour relancer les miellées d’automne.
Il faut repenser l’isolation estivale de la ruche : peinture en blanc du toit, isolation sous le toit, ouverture des planchers, partiteurs en rive, présence du nourrisseur. Et aussi protéger les ruches de l’ensoleillement direct par un sur-toit ou les mettre à l’ombre. L’eau joue un rôle décisif, la présence d’un abreuvoir à moins de cinq cents mètres est impérative.
On peut aussi déplacer les ruches dans des zones plus fraîches, plus ombragées, plus en altitude. La taille des ruches par exemple 8 cadres (10 avec 2 partiteurs) permet un meilleur contrôle de la température, les ruchettes résistent mieux à la chaleur. On a constaté que des hausses et même des corps ont vu leur cire fondre.
Enfin il faut se protéger contre les effets indirects de ce bouleversement climatique en choisissant des emplacements sans risques : feux de forêt (ruchers brûlés constaté dans le massif des Maures), inondations, éboulements…
Prise de notes partagées par Alain Tétu.