Congrès de Quimper : Aethina tumida, le petit coléoptère de la ruche.

Congrès de Quimper : Aethina tumida, le petit coléoptère de la ruche.

Notes prises au congrès européen de l’apiculture à Quimper, le 21 octobre 2022, lors de la conférence de Jeff Pettis apiculteur américain, président d’Apimondia et du témoignage de François Payet président du syndicat apicole de la Réunion.

Le président Jeff Pettis rappelle les différents acariens et insectes ravageurs des abeilles et insiste sur le Tropilaelaps clarae acarien qui infeste l’Asie et pourrait représenter un danger prochain, car il se multiplie plus rapidement que le varroa.

Il décrit le cycle du petit coléoptère de la ruche PCR qui est originaire de l’Afrique sud saharienne. Il a envahi l’Amérique, l’Australie, l’Asie et pénètre en Europe, son introduction aux USA date de 2010 mais il aurait déjà été identifié en Floride dès 1990.

Il a été détecté en Italie en 2014. Dans ce pays, la situation est bien stabiliséeet son développement semble stoppé, mais il ne serait pas éradiqué. Le PCR se déplace rapidement dans le monde, probablement avec le commerce des cires. Comme il fuit la lumière sa détection est particulièrement difficile et il est fort probable que sa présence soit toujours antérieure à sa découverte.

Les propos de Jeff Pettis confirment bien ce que l’on savait déjà sur le PCR notamment sa description et sa biologie (voir sur Internet Wikipédia). Il précise trois points :

– les adultes cherchent à se nourrir et à pondre dans les cellules de pollen, de miel au centre des cadres. Les abeilles (A. mellifera), les repoussent vers les extrémités des cadres et souvent les enferment. Nettoyer régulièrement l’extérieur des cadres, l’intérieur de la ruche, les rainures, les bandes métalliques, les recoins, permet de les limiter. Une méthode de lutte consisterait à placer des petits compartiments de captage pour PCR. Mais comme il peut se reproduire cinq fois par an, cela nécessite un travail très important pour des résultats limités, car vu sa petite taille (6mm), il en restera toujours, nichés dans des coins inaccessibles.

– la nymphose se fait dans le sol autour de la ruche sur un rayon de 2 m. La structure du sol joue un rôle très important. Les sols sableux sont plus propices à l’enfouissement (jusqu’à 20 cm) des nymphes que les sols de terre meuble. Ces derniers sont aussi plus favorables au PCR que les sols d’argile dure. Les sols forestiers avec leurs amas de feuilles et de débris végétaux constituent un milieu favorable au développement du PCR. Pour le freiner, il est utile de placer des ruches sur les sols les plus compacts : argiles compactées, affleurements rocheux, sols bétonnés, goudronnés, dalles,fondations,constructions….


– le climat humide et chaud favorise le développement du PCR. Au-dessous de 10°, il n’y a pas de reproduction. Il en est de même avec une humidité inférieure à 50 %.

En conclusion Jeff Pettis pense qu’il n’y a pas de crainte raisonnable à avoir pour des ruches et cadres sains bien peuplés et propres. Pour les ruchettes cela pourrait être plus problématique. Il précise qu’il n’y a pas de problème en Californie et d’après lui « la Provence n’a rien à craindre ».

Il n’en est pas de même pour les milieux tropicaux chauds et humides, comme l’explique François Payet, président du syndicat apicole de la Réunion. Le PCR est apparu d’abord à Saint Philippe puis à Saint-Pierre et Saint-Joseph, trois communes placées au sud de l’île.

Après une première récolte de baies roses à l’Ouest de l’île en mars avril, les ruches sont traitées contre le Varroa puis déplacées à l’Est pour une récolte de litchi en juillet-septembre. Suite à un deuxième traitement contre le Varroa, les ruches sont déplacées au centre Sud, pour une récolte de miel de forêt en automne.

L’expansion du PCR a été favorisée par les transhumances entre ces trois secteurs, le climat chaud et humide, le vent d’est, les sols forestiers, la vente d’essaims, l’absence de déclaration d’infestation, et aussi le Varroa, récemment introduit à la Réunion, qui affaiblit les ruches.

En application du protocole administratif métropolitain 200 ruches ont été brûlées, pour 11 apiculteurs, avec une indemnisation de 120 000 €. D’après François Payet, manifestement ce protocole n’est pas adapté à la lutte contre le PCR. Pour lui, ce n’est pas une maladie grave. À la fin de son exposé il déclare :
« Je traite le PCR simplement comme la fausse teigne »

Prise de notes partagées par Alain Tétu.