Congrès de Quimper : les méthodes de lutte contre le frelon asiatique

Congrès de Quimper : les méthodes de lutte contre le frelon asiatique

Notes prises au congrès européen de l’apiculture à Quimper, le 21 octobre 2022, lors de la conférence de : Denis Thiéry directeur de recherche à l’INRAE, Eric Darrouzet directeur du département Agro-sciences de l’université de Tours et Marco Porporato chercheur à l’université de Turin.

Denis Thiéry a déjà évoqué de nombreuses méthodes de lutte qui, d’après lui, ne marchent pas. Il semble garder un petit espoir dans un champignon parasite. Il pense qu’on ne pourra pas éradiquer le frelon asiatique, tout au plus on limitera son action prédatrice.

Sur le long terme, il est réservé sur l’efficacité du piégeage. Les pièges de printemps s’ils limitent le nombre de nids, ne réduisent pas significativement la prédation d’automne autour des ruches. Si l’on observe la présence de 4 à 5frelons par ruche, la colonie est en danger de disparition.

Il a mené une expérience en Espagne avec des herses électriques. Une herse par ruche placée devant,perpendiculairement, donne des résultats satisfaisants, captant 85 % de frelons asiatiques et 15 % d’abeilles (ce dernier taux est trop élevé car les abeilles venaient boire l’eau à la base des herses destinée à dénombrer les frelons). En plaçant des herses sans eau derrière les ruches, on devrait pouvoir limiter les captures d’abeilles. Toutefois cette méthode reste trop onéreuse : le coût d’une herse ne peut pas descendre en dessous de 80 € du fait des batteries.

Eric Darrouzet fait le point sur les recherches des phéromones.

Une équipe chinoise a identifié une phéromone sexuelle attirant les mâles de Vespa velutina oriana qui a un comportement différent de notre FA, les mâles se regroupent sur les branches des arbres.
Des essais concluants ont été menés en Chine avec notre FA « Vespa Velutina nigrithorax ».
Puis les mêmes essais en France donnent de bons résultats. En 2023 ces tests vont se poursuivre avec une formulation par la société béarnaise Scyll’agro, qui a déjà mis au point une trentaine de phéromones d’insectes.

La commercialisation par cette société est prévue pour 2024.

Les reproductrices femelles sont fécondées par 1 à 3 mâles. On pourrait penser que le piégeage sexuel des mâles reste limité, mais ce piégeage des seuls mâles a deux effets :

– diminuer leur nombre et leur pression sur les femelles surtout pour les mâles extérieursau nid ;
– augmenter la consanguinité des mâles du nid, ce qui produit ainsi plus de mâles diploïdes dont la descendance polyploïde n’est pas viable.

Marco Porpanato a développé en Italie du nord, une méthode de traçage des frelons asiatiques par un radar appelé “entomoradar“. Cette méthode permet de repérer les nids les plus cachés et d’étudier le comportement en vol des frelons. On place une sorte de puce (tag) sur un frelon et on peut suivre les parcours exacts qu’il effectue, la part de butinage et de prédation et la distance parcourue, distance qui peut atteindre 1800 m ! Ce dispositif est particulièrement efficace mais relativement onéreux. Il est financé par la région.

En conclusion les intervenants préconisent un piégeage de printemps de fin mars au 15 mai, et de combiner toutes les techniques à notre disposition pour limiter les frelons asiatiques faute de pouvoir les éradiquer.

Prise de notes partagées par Alain Tétu.